1 décembre, 2024

Par Alexandre Terrigeol

L’hiver est bien installé, et à cette époque de l’année, la biodiversité aviaire atteint son plus bas niveau. Cependant, c’est le moment idéal pour sortir, profiter de la nature et observer les oiseaux.

À vos jumelles !

Que ce soit pour participer au Recensement des oiseaux de Noël (du 14 décembre au 05 janvier), à l’Avicourse hivernale (du 1er décembre au 28 février) ou au Rallye des oiseaux de Noël, organisé par QuébecOiseaux (du 1e au 15 janvier), cette saison offre de belles opportunités d’observation.

Les fringillidés et les strigidés (chouettes et hiboux), par exemple, sont particulièrement actifs pendant l’hiver, et peuvent transformer une simple balade en forêt ou une session d’observation au bord d’un fleuve en une expérience fascinante. Voici quelques prévisions obtenues à partir de nos programmes de recherche.

À quoi s'attendre cet hiver ?

D’après le dernier rapport de l’équipe du Finch Research Network, les passereaux boréaux irruptifs, comme les fringillidés, devraient principalement rester en forêt, là où la nourriture est abondante. Les dernières journées de recensement visuel aux dunes de Tadoussac montraient en effet autant d’oiseaux en déplacement vers le nord-est que vers le sud-ouest, à la recherche de sites d’alimentation.

Contrairement au Tarin des pins ou au Roselin pourpré, certaines espèces, comme le Jaseur boréal, ont été exceptionnellement rares cet automne. L’année passée, à la même période, des milliers d’individus avaient déjà été observés sur la Côte-Nord, se nourrissant des fruits de sorbiers. Les conditions hivernales pourraient toutefois pousser certains oiseaux plus au sud, lorsque la nourriture deviendra plus difficilement accessible.

Et les chouettes et hiboux ?

Les strigidés présentent des comportements plus variables. Selon nos projets de recherches, un important déplacement de Nyctales de Tengmalm a été observée, possiblement en provenance de l’ouest. Ces petites chouettes se déplacent souvent en dehors de la forêt boréale lorsque leur nourriture de prédilection, le Campagnol à dos roux, se fait rare. D’autres espèces, comme l’Épervière boréale et la Chouette lapone, adoptent également des comportements migratoires similaires en quête de nourriture.

Le Harfang des neiges, quant à lui, ne suit pas les mêmes tendances migratoires. Sa présence au sud de son aire de répartition dépend directement de l’abondance des lemmings en région arctique. L’été dernier, les lemmings semblent avoir été abondants sur plusieurs secteurs de nidification, permettant un excellent succès reproductif. Par conséquent, les observations sont nombreuses ce mois de novembre, notamment jusqu’au nord des États-Unis.

D'autres oiseaux en déplacement

En plus des espèces précédemment nommées, plusieurs autres pourront se déplacer hors de leurs zones habituelles. Le Lagopède des saules connaît des irruptions cycliques tous les 10 ans. L’année dernière, plusieurs individus avaient été observés jusqu’au sud de la forêt boréale. Cette année, ce déplacement pourrait être exceptionnellement observé à nouveau puisque plusieurs individus ont déjà été aperçus au nord du Lac-Saint-Jean.

Les Pics à dos noir et à dos rayé, deux espèces de pics emblématiques de la forêt boréale, peuvent également se déplacer en fonction de l’état de la forêt boréale. Les feux de forêt de l’année passée, par exemple, ont favorisé le développement des insectes saproxyliques (qui se nourrissent de bois mort) qui sont à la base de leur alimentation. Une bonne reproduction peut entrainer des déplacements plus importants vers le sud.

Enfin, n’oublions pas les espèces qui remontent chaque année un peu plus au nord, comme le Cardinal rouge, la Sitelle à poitrine blanche ou le Troglodyte de Caroline, que l’on retrouve aux mangeoires durant l’hiver.

Conseils pour une observation respectueuse

L’hiver est une saison idéale pour observer les oiseaux, mais il est essentiel de respecter leur tranquillité. Le dérangement fréquent peut leur causer un stress important et engendrer des problèmes quant à leur survie. Si vous trouvez un rapace blessé ou mort, contactez immédiatement SOS Braconnage au 1 800 463 2191. Et si vous trouvez un oiseau bagué, n’oubliez pas de le signaler : https://www.pwrc.usgs.gov/bbl/bblretrv/index_v_fr.cfm

Prêt pour l’aventure ?

Alors, à vos jumelles et profitez pleinement de cet hiver riche en découvertes aviaires. En respectant les oiseaux et en observant leur comportement, vous participerez à une belle aventure tout en participant à la science.

Bonnes observations et bel hiver à tous !