Relevés visuels

Premier projet donnant lieu à la création de l’Observatoire d’oiseaux de Tadoussac (OOT), les relevés visuels permettent depuis 1993 de prendre le pouls de la forêt boréale en suivant plus de 100 espèces d’oiseaux.

Le belvédère Yvan-Duchesne

Situé sur les dunes de Tadoussac, il constitue le point d’observation clé pour l’observation des oiseaux en migration, autant au printemps qu’à l’automne. Historiquement, l’objectif principal des relevés visuels était de recenser les rapaces en migration automnale afin d’effectuer des tendances de population. À partir de 1996, les observations ont été élargies pour inclure les oiseaux littoraux, les passereaux, et d’autres espèces apparentées. À partir de 2018, un suivi standardisé débuté au quai des Bergeronnes a également été mis en place afin de documenter et mieux comprendre le phénomène de migration inverse, auquel on peut assister au printemps.

Les relevés visuels permettent d’effectuer des tendances de populations des espèces ayant nichées en forêt boréale, mais offre également des prévisions sur plusieurs espèces qui pourront être observées durant l’hiver dans le sud du Québec et aux États-Unis.

Printemps

En mai 2018, un phénomène exceptionnel a fait la une de plusieurs journaux américains, notamment le New York Times. Plus de 500 000 parulines ont été observées en une seule journée en migration vers le sud-ouest. Ce phénomène unique au monde a été remarquable non seulement en raison de l’ampleur du mouvement, mais également de la direction inhabituelle prise par les oiseaux, à l’opposé de ce qui est attendu à cette période de l’année. Depuis, un ornithologue expert y effectue des dénombrements quotidiens du 5 mai au 6 juin.

Paruline du Canada - Ian Davies

Une rivière de parulines

Historiquement, cette migration inverse était connue depuis plusieurs années, mais elle était suivie de manière sporadique. Il est important de noter que ces migrations inversées concernent aussi d’autres espèces d’oiseaux associés à l’arrivée successive de vagues de passereaux au printemps.

Au fil des ans, des mouvements impliquant des milliers de Juncos ardoisés, Bruants à gorge blanche, Merles d’Amérique, Roitelets à couronne rubis et moucherolles ont été rapportés.

Depuis une décennie environ, l’augmentation significative du nombre de parulines, Roselins pourprés et Gros-becs errants est partiellement expliquée par l’épidémie de Tordeuse des bourgeons de l’épinette, une chenille au cycle de 20 à 30 ans.

Paruline du Canada - Ian Davies
Paruline tigrée - Alexandre Terrigeol
Paruline tigrée - Alexandre Terrigeol

Protocole de suivi

Devant la quantité exceptionnelle d’oiseaux que l’on observe certaines journées, la méthode de comptage a du s’adapter. Alors qu’il était préconisé de compter et identifier tous les oiseaux en déplacement, depuis 2023, le comptage se fait par estimation durant les journées de migration inverse.

Une ligne imaginaire est créée par deux recenseurs, dos à dos, dénombrant tous les oiseaux qui passent par cette ligne durant une minute. Le nombre est ensuite extrapolé pour une période de 10 minutes, et le comptage est de nouveau reconduit. Durant les périodes hors dénombrement, les recenseurs identifient les espèces, sans se préoccuper du nombre afin d’avoir un estimé en mouvement. Ce protocole est maintenu jusqu’à ce que le passage diminue nettement. Il arrive quelques fois dans la saison que le comptage se maintienne toute la journée mais rarement que plus de 1000 oiseaux soient dénombrés en une minute.

Pourquoi ces migrations inverses se produisent-elles ?

La migration au printemps est influencée par la disponibilité alimentaire, les températures et les vents. Lorsque les conditions météorologiques sont réunies durant la nuit, les passereaux en profitent pour migrer vers le nord en grand nombre. Les vents, pouvant souffler jusqu’à 100 km/h entre 100 et 1000 mètres d’altitude, transportent les oiseaux bien plus au nord en quelques heures. Ainsi, lors des soirées particulièrement favorables, des oiseaux originaires du sud du Québec, voire des États-Unis, et désireux de se diriger vers Charlevoix ou le lac Saint-Jean, se retrouvent sur la Côte-Nord. Au lever du soleil, ces oiseaux entreprennent alors une migration inverse sur une distance variable. Lorsque les vents soufflent nord-ouest suite à ces importants mouvements nocturnes, les conditions sont réunies pour observer des nombres exceptionnels de passereaux aux dunes de Tadoussac. Le fleuve Saint-Laurent agit en effet comme une barrière et un repère pour ces oiseaux en déplacement.

Recensements printanier – David Turgeon

Automne

Les relevés visuels débutés de façon standardisée en 1996 offrent une précieuse fenêtre sur les populations de plusieurs espèces d’oiseaux tout en suivant la phénologie de leur migration. Du 24 août au 25 novembre de chaque année, un ornithologue expert y effectue des dénombrements quotidiens.

Épervier brun - Jessé Roy-Drainville
Épervier brun - Jessé Roy-Drainville

13 espèces de rapaces

De part sa position stratégique, à la limite de la forêt boréale et le long du fleuve Saint-Laurent, l’OOT suit de façon standardisée, 13 espèces de rapaces et d’une cinquantaine de passereaux et oiseaux marins.  Au cours de ces trois mois, en moyenne, 7 000 rapaces et plus de 60 000 passereaux sont recensés. Il arrive que ce nombre puisse atteindre jusqu’à 300 000 passereaux.

La phénologie de la migration

La migration automnale des espèces de rapaces diurnes est caractérisée par des périodes spécifiques. Certaines, comme la Petite Buse et la Crécerelle d’Amérique, quittent principalement la région en début de septembre, tandis que d’autres, comme l’Aigle royal et la Buse pattue, sont principalement observées en octobre et en novembre.

Les dates de migration varient en fonction de l’âge des individus, un exemple étant l’Épervier brun, avec les juvéniles qui atteignent leur pic de migration vers la mi-septembre, tandis que les adultes sont observés aux environs de la mi-octobre.


Les passereaux boréaux

Une forte proportion des passereaux observés à Tadoussac sont des espèces boréales irruptives, i.e. qu’elles peuvent hiverner en forêt boréale, mais effectuent de façon périodique des déplacements au sud de cet écosystème.

L’OOT est l’un des seuls observatoires nord américains à récolter des données sur ce groupe d’espèces qui comprend plusieurs membres de la famille des fringillidés. Ces informations sont notamment importantes pour le suivi de ces espèces dans l’est de l’Amérique du Nord, notamment via le « Finch Research Network »

Le suivi des oiseaux marins

Chaque jour, le nombre maximum d’oiseaux observés en alimentation à l’embouchure du Saguenay, ainsi qu’en déplacement sont dénombrés.

Le secteur situés dans le Parc marin du Saguenay-Saint-Laurent crée des conditions réputées exceptionnelles pour leurs richesses en nourriture et donc, la biodiversité. C’est un secteur notamment réputé pour ses milieux d’oiseaux hivernants.

Le site offre également un panorama exceptionnel et il n’est pas rare d’observer des baleines durant ces dénombrements.

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